Traverser l'épreuve
Ptit Bunny, c’est pour moi la douceur, l’authenticité et l’amour. C’est gai et léger.
Mais mon chemin ne l’a pas toujours été. Et ce ne serait pas juste de ne pas parler des moments difficiles.
Avec Ptit Bunny, mon souhait est de mettre en avant l’amour, le partage et les belles valeurs. Mais j’ai envie aussi d’être là –d’une certaine manière- pour ceux qui vivent des moments pénibles liés à la séparation, en partageant mon expérience. Mon vécu m’est propre évidemment. Toutes les histoires sont différentes, les souffrances sont différentes aussi, et le ressenti de chacun est très personnel. Donc loin de moi l’idée de donner des conseils, ou de pleurer sur ce qui m’est arrivé. Mais j’ai sincèrement envie de pouvoir, par mes mots, semer quelques petites graines d’espoir chez ceux qui vivent une séparation difficile.
Parce que, quand on traverse une épreuve, cela fait du bien d’entendre : ça va aller; je comprends. Et puis, des mots rassurants, apaisants, encourageants.
Je comprends. Et je parle bien ici d’une vraie compréhension des sentiments de profonde tristesse et d’incrédulité, du questionnement, du comment vais-je faire pour surmonter tout cela.
Quand j’ai traversé ce que j’appelle le « tremblement de terre », j’étais en état de choc. Cela a duré des mois. Je n’arrivais pas à croire ce qui m’arrivait. J’étais perdue, anéantie, désespérée. J’habitais depuis des années à l’étranger. Je suis rentrée ici de manière précipitée, avec mes enfants (le premier tout petit, le deuxième dans mon ventre). A l’époque j’ai écrit :
« Je ne veux croiser personne, je ne veux croiser aucun regard, je ne veux voir personne, et surtout que personne ne me voie.
Je voudrais devenir transparente, pour les autres et pour moi.
La tristesse, la peine et la douleur animent chacun de mes gestes, chacune de mes pensées.
L’air me fait mal. Tout me fait mal. Et penser me ramène irrémédiablement au « tremblement de terre ». Quelle que soit la route que je choisisse.
Les souvenirs me déchirent, le présent est si lourd et l’avenir avec cette nouvelle donne est intolérable.
Tout me rappelle ce que nous avions construit et que nous ne serons plus.
Et pourtant j’avance. Je mets un pied devant l’autre et j’avance. Je me lève le matin et je fais face au jour. Je m’habille, je me maquille. Et je me mets en route. La journée sera dure à porter mais je la porterai et j’avancerai.
On me demande souvent comment je fais pour m’en sortir. J’ai envie de répondre tout simplement : je n’ai pas le choix. Je n’ai pas le temps de déprimer. Mes enfants ont besoin de moi ! Ils paient le prix fort, déjà, alors je me dois de nous porter, de nous faire avancer, de nous ouvrir des portes. Des portes derrière lequelles on pourra redécouvrir le soleil, les rires, la légèreté, la bonne humeur et le bonheur.
Je regardais l’interview d’une femme marin qui a fait naufrage lors d’une régate et je l’écoutais expliquer combien, lorsque l’on perd tout, on se met à fonctionner différemment, on ne se pose pas de grandes questions. Elle vidait méticuleusement l’eau qui entrait dans son bateau, préparait la place sur le pont pour que les sauveteurs en hélicoptère puissent venir la chercher, essayait de fabriquer quelque chose pour boucher les trous par lesquels l’eau pénétrait dans la coque.
Et je comprenais si bien ces mots.
C’est difficile à expliquer. C’est un ‘endroit’ que l’on ne découvre que si on y est forcé.
Quand le « tremblement de terre » est survenu, je n’ai clairement pas eu la possibilité de discuter, de tempérer, d’espérer qu’il fasse marche arrière. Je devais partir.
Alors j’ai concrètement fait mon sac, j’ai rangé ma brosse à dents et mon dentifrice dans ma trousse de toilette, j’ai pris deux Jeans, quatre T-shirts, un pyjama, puis j’ai préparé les petites affaires de mon fils, quelques livres, quelques jouets, et j’ai déposé nos ‘valises’ dans la voiture.
J’ai pris mon petit garçon par la main et je suis partie.
J’ai roulé, j’aurais voulu rouler sans devoir m’arrêter. Que mon pays recule encore et encore, que l’on n’arrive jamais. Tant que je roulais, j’avançais, je fuyais, j’échappais à la réalité. Mais à la minute où j’allais m’arrêter, elle allait me rattraper. Horrible sentiment de vide et de désespoir. Désespoir. J’étais désespérée.
Quand je suis arrivée à destination, j’ai sorti nos affaires de la voiture, et à partir de ce moment-là, j’ai continué à fonctionner en m’accrochant coûte que coûte aux gestes indispensables du quotidien, qui m’ont poussée en avant chaque jour.
Je fonctionnais dans le concret ici et maintenant. Evidemment je ne pouvais pas arrêter le film qui tournait en boucle dans ma tête. Mais je n’ai jamais baissé les bras, j’ai continué à prendre soin de mon navire et de mes moussaillons ».
Lors de telles épreuves, il faut faire face à beaucoup de choses, sur des fronts différents, à court et à moyen terme. Mais il faut aussi gérer chaque journée et aller de l’avant. En gardant à l’esprit la conviction que cela va aller. Même si c’est un peu artificiel, même si c’est compliqué. Il faut y croire. Parce que c’est vrai !
Un jour après l’autre, il faut tenter de trouver la force de faire ce qui doit être fait. Et petit à petit – c’est imperceptible au début – la tempête s’apaise, le soleil refait surface, les énergies s’harmonisent, et l’église retrouve doucement le milieu du village.
Pour certains, le processus est rapide, pour d’autres, il prend du temps, beaucoup de temps parfois (Je fais partie de ceux-là ;).
Alors il faut s’accrocher. Etre découragé, c’est normal. Désespéré parfois, c’est normal aussi. Mais ne pas oublier que les choses évoluent, et que demain, le soleil se lèvera.
Dans ces moments où l’on se sent perdu, et où tout fait mal, qu’est-ce qui peut apaiser ?
On est tous différents. Ce qui marche pour les uns ne fonctionne pas forcément pour les autres. Mais il y a quelques essentiels qui, je pense, peuvent tous nous aider.
Les personnes de confiance : il peut s’agir de personnes de la famille ou d’amis. Quelqu’un qui peut être là pour vous, sans juger, en écoutant si vous avez envie de parler, en se taisant si vous avez juste besoin d’une présence.
Quelqu’un qui sera là, à vos côtés.
Un livre, dans lequel s’évader. Focaliser son esprit sur une autre histoire, oublier ce que l’on traverse.
Un film si vous n’aimez pas lire.
De la musique pour certains.
Le sport. Quel qu’il soit. Cela fait du bien au corps et à l’esprit. Et les endorphines sont un boost naturel pour le moral.
La méditation, si on y arrive. C’était trop difficile pour moi au début. Mais quand on y arrive, cela permet de se recentrer et de vivre l’instant, en arrêtant de ressasser.
Un soin thérapeutique : kinésio, ostéo, thérapeute, toute personne extérieure dont les compétences, l’écoute et la bienveillance, peuvent vous apaiser.
Une activité qui vous passionne, ou vous lancer le défi d’essayer de faire quelque chose dont vous avez toujours rêvé sans jamais oser : j’ai pris des cours de jeu d’acteur en anglais et j’ai fait le stage d’accès au cours Florent. Ces parenthèses dans un autre univers où je me découvrais autrement étaient comme des bulles d’oxygène.
Des blogs ou des sites internet où vous pouvez lire des témoignages qui vous parlent, découvrir que d’autres vivent une réalité similaire, lire des mots qui vous font du bien. J’ai suivi « Lessons From the End of a Marriage » de Lisa Arends et je suis toujours “Must Be This Tall to Ride » de Matt Fray – sites en anglais mais il en existe beaucoup d’autres, en français aussi.
Des phrases motivantes et inspirantes à coller dans des endroits où vous allez les voir tous les jours : des petits rappels de votre valeur, de votre force, du pouvoir de la résilience.
La nature : marcher pieds nus dans l’herbe, respirer l’air frais, regarder les oiseaux, et se connecter à cette dimension plus grande que nous, si pure et si forte.
Des fleurs dans la maison, ou des choses qui vous réconfortent : bougie, lumière, etc..
Et toutes ces petites choses qui ne sont pas sur ma liste mais qui marchent peut-être pour vous : des paroles que vous avez entendues, un bain chaud, du chocolat,…
Un jour, au tout début de cette difficile traversée, un ami m’a envoyé une vidéo dont le message était en substance celui-ci : la chance, ce n’est pas quelque chose qui nous tombe dessus (ou pas) ; la chance, elle se travaille, elle se crée. Des coups durs, on en vit tous. La clé, c’est de les recycler pour en faire quelque chose de positif.
Ce message est resté ancré en moi.
Je savais qu’un jour, j’allais transformer le « tremblement de terre ».
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